HARVARD UN1VERSITY

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REVU E

HORTICOLE

65e ANNÉE. 1893

ORLÉANS, IMPRIMERIE DE GEORGES JACOB, RUE SAINT-ÉTIENNE, 8

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REVUE

HORTICOLE

JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE

Fondé en 1829 par les auteurs du Bon Jardinier

RÉDACTEURS EN CHEF: MM. E.-A. CARRIÈRE ET ÉD. ANDRÉ

ADMINISTRATEUR : M. L. BOURGUIGNON

PRINCIPAUX COLLABORATEURS : MM.

Alluard, Dr Bâillon, Dr Bailly, Baltet, Bergman (Ernest), Berthault, Blanchard, Bois, Boisbunel, Bruno, Carrelet,

Gte de Castillon, Catros-Gérand, Ghahgueraud, Chevallier (Charles), Constant, Cordonnier (Anatole), Cornuault, Daveau (Jules), Delabarrière, Delaville, Delchevalerie, de la Devansaye, Dumas, Dybowski, Ermens, Foussat, Franchet, Gagnaire, Gérôme, Giraud (Paul), Grosdemange, Hauguel, Henry (L.), Heuzé (Gustave), Jadoul, Joly (Ch.), Joret (Henri), Lambin, Legros, Lequet (Fernand), Lesne, Maron, Morel (Fr.), Mottet, Nanot, Nardy, Naudin, Neumann (L.), Poisson, Pulliat, Rigault, Ringelmann, Rivière, Rivoire, Sahut, Sallier, Thays, Thomas, Thomayer, Truffault, Yallerand (Eugène), Verlot (Bernard), Vilmorin (IIenri-L. de), Vilmorin (Maurice-L. de), Vilmorin (Philippe-L. de), Dr Weber.

65e ANNÉE - 1893

PARIS

librairie agricole de la maison rustique

26, rue jagob, 26,

189 3

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,

REVUE

HORTICOLE

CHRONIQUE HORTICOLE

Société nationale d'horticulture de France : composition du bureau pour 1893. Catalogue des graines et plantes vivantes du Muséum. L’horticulture a l’Exposition universelle de Chicago. Culottage des Poires. Les variétés de Cocos australis. Les plus vieux Cèdres du Liban. La cochenille des Fusains. Les Chrysanthèmes greffés de M. Callier. Société de secours mutuels des jardi- niers de France. Concours ouvert par la Société des sciences de Haarlem. The Orchid Review. Nécrologie : M. A. Alégatière.

Société nationale d’horticulture de France. Composition du bureau pour Vannée 1893. Dans sa séance du 22 dé- cembre dernier, la Société nationale d’hor- ticulture de France a, comme elle le fait chaque année, procédé au renouvellement de son Bureau. D’après cette élection, le Bureau et le Conseil de la Société se trouvent ainsi composés :

Président : M. Léon Say.

Premier Vice- Président : M. Vilmorin (Henri Lévèque de).

Vice-Présidents MM. Vitry (D.), Truf- faut (A.), Defresne (Honoré), Mussat.

Secrétaire-Général : M. Abel Chatenay.

Secrétaire-Général- Adjoint : M. Verlot(B.).

Secrétaires : Chouvet (E ), Hébrard (L.), Delamarre, Lebœuf (Paul).

Trésorier: M. Huard.

Trésorier- Adj oint : M. Duchartre (Henri).

Bibliothécaire : M. Glatigny.

Bibliothécaire- Ad joint : M. Hariot.

Conseillers d’ Administration :

MM.

Labrousse.

Duval.

Paillet père. Villard (Th.). Delavier.

COULOMBIER.

Verdier (Ch.). Tavernier.

MM.

Grenthe.

Jamin.

Joly.

Bergman.

Vilmorin (Maurice de) Verdier (Eug.). Delaville.

Quénat.

Commission de Contrôle : MM. MM.

SlLVESTRE DE SACY. PanHARD.

Hennecart. Robert.

Méon.

Catalogue des graines et plantes vivantes du Muséum. Suivant l’usage annuel, le Muséum vient de publier, par les soins de M. Maxime Cornu, professeur de culture, le catalogue des graines et plantes vivantes offertes, pendant l’hi- ver 1892-1893, aux établissements publics d’instruction.

Les demandes devront être envoyées avant le 25 décembre 1892, terme de ri- gueur, dit le catalogue ; mais cette date ne servirait à rien actuellement pour nos lec- teurs si elle devait être prise à la lettre, puisque ce catalogue vient de nous parvenir seulement depuis quelques jours.

Nous pensons que la date en question sera prorogée.

On devra adresser les demandes à M. le directeur du Muséum, 57, rue Cuvier, à Paris.

L’horticulture à l’Exposition univer- selle de Chicago. Depuis les dernières nouvelles que nous avons données sur l’Ex- position de Chicago en ce qui concerne l’horticulture française, le Comité a con- tinué à tenir ses séances et à fournir aux exposants français les renseignements qui étaient mis à sa disposition par le Commis- sariat général. Mais il faut bien dire que l’installation de tous les services est telle- ment en retard à Chicago que tous les do- cuments officiels relatifs à l’espace dévolu à la France ne sont que depuis peu en posses- sion du Comité, quels qu’aient été ses efforts pour les obtenir.

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CHRONIQUE HORTICOLE.

A l’heure qu’il est, on est fixé sur ces emplacements. L’espace est si parcimonieu- sement mesuré pour les végétaux qu’il fau- dra renoncer à produire un effet d’ensem- ble représentant d’une manière convenable l’air moderne des jardins en France. Les morceaux de terrain qui nous ont été attri- bués, principalement autour du grand palais de l’horticulture, sont généralement des carrés ou des rectangles de surface restreinte. Les lots de plantes pourront s’y trouver bien placés et produire de bons résultats dans le détail, mais le groupe- ment total ne sera pas ce qu’on aurait désiré.

On a dit que l’Exposition sera surtout américaine, et cela parait vrai. N’en soyons pas étonnés, et disons-nous qu’en 1889 la grande Exposition de Paris a montré aussi la prédominance de la France dans presque toutes les sections.

Qu’il suffise à nos horticulteurs de faire preuve de patriotisme en allant là-bas affir- mer la supériorité de certains produits hor- ticoles français, devant lesquels il faudra bien que le grand public des visiteurs s’in- cline et admire. Nos plantes nouvelles, nos Roses, nos Œillets, nos Glaïeuls, nos Ca- ladiums, nos arbres fruitiers formés, nos arbres d’ornement, nos fleurs de pleine terre, etc., sont autant de « numéros » bril- lants qui tiendront hautement le drapeau s’il n’v a pas de défections dans les exposants qui ont demandé des emplacements.

De son côté, la Ville de Paris se propose de s’affirmer par une exposition hors ligne. Elle va envoyer un de ses jardiniers princi- paux, M. Lemoine, qui sera en même temps, très-probablement, le représentant des exposants, lesquels contribueront à la ré- munération qu’il devra recevoir. Leurs inté- rêts seront soutenus avec loyauté et activité.

Dans les arts et industries horticoles, les demandes d’admissions ont été nombreuses et nous savons que les produits qui seront envoyés à Chicago par ces exposants don- neront une idée très-avantageuse de nos artistes et de nos industriels.

On nous a demandé s’il était trop tard pour envoyer encore des demandes d’ad- mission. Nous sommes autorisés à répondre que non, et que le Comité peut encore accueillir celles qui lui seront adressées. Mais il faut se hâter.

Dans une de nos prochaines chroniques, nous donnerons des nouvelles sur les condi- tions dans lesquelles sera faite la répartition des dépenses incombant aux exposants

pour frais de réception, installation et gardiennage.

On peut s’adresser, pour tous renseigne- ments, au secrétariat du Comité 8 de l’Exposition française à Chicago, rue de Solférino, 4, à Paris.

Culottage des Poires. A propos de notre article sur le bronzage de certaines Poires, et notamment du Doyenné Bous- soch, nous avons reçu de notre collabo- rateur M. Chevalier, de Versailles, la très- intéressante lettre qui suit :

L’anomalie que vous signalez sur le Doyenné Boussoch ( Revue horticole , 1992, p. 556) s’est produite cette année sur un grand nombre de Poires, au moins dans notre région et sur un certain nombre de variétés, comme Doyenné d’hiver, Doyenné d’Alençon, Louise-Bonne. Tous lés fruits atteints du culottage , comme vous l’appelez, avaient la forme qui est figurée page 556.

Dans mon jardin, toutes les Louise-Bonne d’ Avr anches sans exception ont été atteintes de cette affection particulière. Le « culot » était roux foncé, la peau était rugueuse et dure et avait entravé le développement du fruit dans la partie inféririeure, ce qui avait donné à toutes les Poires cette forme oblongue qui est sem- blable, quelle que soit la variété. Une partie de mes Doyennés d’hiver et de mes Doyennés d’Alençon ont été atteints.

Au potager de Versailles, une certaine quan- tité de Poires de ces mêmes variétés ont été atteintes également de la même affection et étaient invendables.

M. Rouland, chef des cultures fruitières à l’École, attribue cette anomalie aux gelées du mois d’avril dernier qui ont frappé les jeunes Poires au moment elles venaient de nouer, et ont provoqué un arrêt dans le dévelop- pement du fruit sur sa partie exposée au froid, c’est-à-dire vers l’ombilic.

Les Poires de floraison précoces, qui étaient nouées Je 17 avril, ont été seules atteintes, les autres n’ont rien eu, du moins sur les espa- liers bien abrités, car, en plein air, beaucoup de fleurs ont été gelées et la récolte nulle.

Sur notre plateau, la température s’est abaissée à les 17 et 18 avril, au moment tous les Poiriers étaient en fleurs.

Chevallier.

Nous remercions M. Chevallier de sa communication. De pareilles observations pratiques contribueront à fixer l’opinion des physiologistes sur les causes des mo- difications apportées à l’aspect et aux tissus des fruits.

Les variétés de Cocos australis. On

sait combien cette espèce, originaire du sud

CHRONIQUE HORTICOLE. 7

du Brésil, de la République Argentine et de TUruguay, est variable dans ses formes. Elle est répandue sous les noms de Cocos australis, campestris, Bonneti , Diplo- tliemium campestre, et autres appellations. Les fruits sont entourés d’une pulpe man- geable, couverts d’une peau rosée, jaune ou orangée.

Nous venons de recevoir de M. Daveau, de Lisbonne, un envoi de ces fruits appar- tenant à une variété que nous n’avions pas encore vue, même dans les forêts du nord de rUruguay, nous avons trouvé l’es- pèce à l’état sauvage, formant des arbres à troncs de 10 à 15 mètres de hauteur, cou- ronnés d’un large panache de feuilles comme celles d’un Dattier.

Les fruits envoyés par M. Daveau ne sont pas sphériques ni ovoïdes ; ils sont dé- primés, méplats comme une Tomate minus- cule et d’un ton rosé, plus vif du côté du soleil. Leur pulpe est savoureuse et aci- dulée. Nous en avons fait faire un dessin que nous publierons prochainement, en in- diquant les particularités qu’ils présentent, notamment celle d’avoir souvent quatre opercules au lieu de trois.

Les plus vieux Cèdres du Liban.

On sait que le plus vieux Cèdre du Liban qui soit connu en France est celui que Bernard de Jussieu a planté au Muséum, en 1735, dans la partie du jardin nommé le Labyrinthe. Cet arbre, bien qu’il ait eu la flèche cassée et que sa cime soit tron- quée, fait encore l’admiration des visiteurs, qui ne le considèrent qu’avec respect.

Nous lisons dans un journal anglais qu’un exemplaire de la même espèce exis- terait dans ce pays depuis un temps beau- coup plus éloigné. Ce serait celui deBretby, dans le Derbyshire, qui aurait été, dit-on, planté en 1676.

La Cochenille des Fusains. Dans notre numéro du 1er novembre 1892, nous avons donné, d’après un de nos correspon- dants, M. Schwartz, de Nîmes, un moyen de détruire la cochenille qui envahit souvent les Fusains du Japon et autres espèces du genre Evonymus. A cette occasion, nous avons reçu de M. Henri Truchot, d’Oui 11 y (Rhône), la lettre suivante :

J’ai voulu essayer le remède indiqué, mais je n’ai pas très-bien réussi. Peut-être d’autres personnes auront mieux réussi et pourrez-vous me renseigner. Je le désire, car je ne sais comment me débarrasser de cet insecte qui

pullule sur beaucoup d’espèces de plantes et d’arbustes.

Voici ce que j’ai fait : j’ai placé dans un vase 50 grammes de bois de Panama et 250 grammes d’alcool et j’ai laissé infuser huit jours, mais alors il ne restait pas une goutte de liquide.

J’ai mis une seconde fois 250 grammes d’al- cool et j’ai laissé infuser, mais après quatre jours seulement il restait peu de liquide et je m’en suis servi.

Il me restait 28 grammes, j’ai mis de l’huile et de l’eau dans la quantité que vous indiquez, cela ne m’a pas donné un litre; j’ai alors un peu forcé la quantité d’eau pour avoir un litre et quart ; mais que faire avec une aussi petite quantité d’insecticide qui revient aussi cher?

Si vous pouviez m’indiquer le moyen de mieux réussir, vous me rendriez service et à d’autres peut-être aussi.

Henri Truchot.

La chose est assez intéressante pour que nos lecteurs nous renseignent sur les ré- sultats qu’ils ont obtenus. Si quelques-uns d’entre eux ont essayé le procédé recom- mandé par M. Schwartz, nous leurs serions reconnaissants de toute communication de leur part dans ce sens.

Les Chrysanthèmes greffés de M. Cal- lier. Nous avons la bonne fortune d’in- sérer aujourd’hui, dans la Revue horticole , un article de M. Alexis Cahier, de Gand, dont nous avons annoncé les très-remar- quables succès dans le greffage des Chry- santhèmes sur Anthémis. Cette note est toute d’actualité ; elle servira précieusement aux horticulteurs, amateurs ou commer- çants qui voudront tenter cette culture et se préparer à conquérir des couronnes aux Expositions automnales de 1893.

On s’étonnera peut-être que les quelques lignes lues par M. Cahier dans le petit livre de M. Burbidge aient échappé à tant de lecteurs. Mais... « il faut regarder pour voir ». Tout est !

Société de secours mutuels des Jar- diniers de France. Nous apprenons qu’une réunion particulièrement intéres- sante s’est tenue récemment à Asnières. Le but de cette réunion était la fondation d’une Société de secours mutuels des jardiniers de France, avec caisse de prévoyance et maison de retraite.

Il s’agit d’assurer, contre le chômage, les maladies et les infirmités tous les jardiniers qui adhéreront aux statuts, ainsi que leurs femmes et leurs enfants.

Le Comité fondateur a pour président

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CHRONIQUE HORTICOLE.

d’honneur M. Maurice Berteaux, maire de Chatou (Seine - et - Oise), et M. Jules Branchard pour président.

Le nombre des adhérents est, à ce jour, de trois cent cinquante.

Concours ouvert par la Société des sciences de Haarlem. Cette Société nous prie de rappeler le concours interna- tional qu’elle a ouvert sur le sujet suivant :

Traité sur les méthodes destinées à l’amé- lioration des plantes d’ornement et à la produc- tion de nouvelles variétés.

Les concurrents ont encore une année devant eux, puisque le concours restera ouvert jusqu’au 1er janvier 1894.

Les mémoires devront être envoyés à M. J. Bosscha, secrétaire de la Société, à Haarlem, qui fournira tous les renseigne- ments désirés.

The Orchid Review. Sous ce titre, qui veut dire Revue des Orchidées, un nouveau journal vient de paraître à Londres. Son premier numéro est daté du 1er janvier 1893.

11 a pour rédacteurs M. R. -A. Rolfe, l’érudit orchidologue de Kew, et M. Frank Leslie, dont la compétence, comme connais- seur et cultivateur, est indiscutable.

UNE BONNE VARIÉTÉ

Lorsque les cultivateurs, approvision- neurs habituels des halles et marchés, adoptent une variété nouvelle de légumes et continuent de la cultiver, bien certainement ce légume est bon et a une valeur réelle.

Parmi les très-nombreuses variétés de Pommes de terre, la réputation de celle ap- pelée Belle de Fontenay a été sanctionnée ainsi par les cultivateurs praticiens.

Elle fut obtenue, dit-on, par un cultiva- teur du village de Fontenay-sous-Bois. Peu connue lors de son obtention, car elle fit son entrée sans bruit dans les jardins, elle ne fut cultivée alors que localement.

La maison Forgeot l’a mise la première au commerce sous le nom bien justifié de Belle de Fontenay.

Depuis, la maison Vilmorin, lui ayant reconnu un mérite vrai, l’a mise sur son catalogue.

En effet, cette sorte de Pomme de terre potagère est réellement bonne et méritante : elle est hâtive ; sa précocité égale celle de la

Ce recueil mensuel sera exclusivement consacré aux Orchidées. Il comprendra la description des espèces nouvelles et des hy- brides, des renseignements sur les princi- pales collections, les figures des espèces les plus intéressances, des notices cultu- rales, des notes géographiques, des croquis représentant les Orchidées dans leurs sites natals, etc. Les illustrations seront faites par des procédés photographiques.

Le prix de l’abonnement sera de 12 shil- lings par an, ou 1 fr. 25 par numéro.

On peut s’adresser à l’éditeur de Y Orchid Review , 46, Lawn Crescent, à Londres.

Nécrologie : M. A. Alégatière. Un des horticulteurs les plus distingués, un des semeurs les plus heureux que la région lyonnaise ait produits, M. Alphonse Aléga- tière, vient de mourir à l’âge de soixante- douze ans.

C’est surtout dans les semis de Roses et d’Œillets que M. A. Alégatière obtint ses plus beaux succès. On lui doit les premiers Œillets remontants dits « tige de fer » qui aient été produits, et qui ont donné naissance à tant de variétés aussi charmantes que pré- cieuses pour les fleuristes.

E.-A. Carrière et Éd. André.

DE POMME DE TERRE

Royale et même de la Marjolin ; elle est productive, très-belle de forme et à peau lisse, jaune, longue, bien proportionnée ; est de toute première qualité ; sa chair est jaune beurre.

On sait qu’en France les consommateurs n’acceptent bien que les Pommes de terre à chair franchement jaune. Ce dernier avan- tage caractéristique en fait une variété véri- tablement française.

Quoique hâtive et d’une végétation de courte durée, sa germination d’hiver est lente ; elle s’épuise peu et se conserve longtemps ferme et de bonne qualité. Elle peut donc être cultivée indifféremment soit pour l’obtenir de primeur, soit comme res- source d’automne et d’hiver.

Ce n’est pas trop de réclame faire à cette variété en disant que ceux qui l’essaient l’adoptent, et que ceux qui ne l’ont pas en- core, sachant son véritable mérite, la re- cherchent.

Hyacinthe Rigault,

Cultivateur à Groslay (Seine-et-Oise).

NICOTIANA COLOSSEA VARIEGATA.

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NICOTIANA COLOSSEA VARIEGATA

M. J. Sallier, horticulteur, rue Delaize- ment, à Neuilly (Seine), avait exposé l’an- née dernière, à l’exposition de mai de la la Société nationale d’horticulture de France, une nouveauté qui fit sensation.

C’était une forme admirablement pa- nachée du Nicotiana colossea (fig. 1). Sur un feuillage vert tendre, une large zone marginale, occupant parfois la plus grande partie du limbe, étalait sa pure blancheur, passant à peine au jaunâtre sur quelques sujets plus avancés. L’éclat, de cette pana- chure était remarquable, et sur d’aussi larges feuilles l’effet était très-saisissant. D’ailleurs, si cette pa- nachure si bien établie et fixée di- minuait un peu la vi- gueur de l’espèce, qui est plutôt exagérée, cela n’en

vaudrait que mieux, puisque la plante est plutôt d’une végétation un peu en- combrante.

M. Sallier nous a as- suré que cette nouvelle variété tenait bien au soleil sans brûler. Nous n’en pou- vons rien dire personnellement, mais il sera prudent, sous un climat un peu ar- dent, de ne placer les pieds cultivés en plein air qu’à mi-ombre. En les privant tout à fait du soleil, on les ramènerait au type à feuilles toutes vertes.

A cette occasion nous devons rappeler qu’en décrivant l’espèce type, nous avons accompagné notre description des lignes suivantes 1 :

« Le N. colossea , Ed. André, plante qui n’a pas encore fleuri, et que nous ne déter- minons que sous réserve d’une floraison

1 Revue horticole , 1888, p. 511.

qui ne peut tarder, va grossir la liste de nos plus belles nouveautés à grande décora- tion foliaire. »

Dans un récent numéro du Botanical Magazine (septembre 1892), sir Joseph Hooker a publié une planche coloriée et une description de notre plante, dans laquelle il a cru reconnaître le Nicotiana tomentosa de Ruiz et Pavon 2, dont Sprengel avait fait le genre Lehmannia, qui n’a pas pré- valu 3.

Il se peut que le savant botaniste de Kevv ait raison, mais nous lui ferons observer que nul exemplaire de la plante originale

décrite par Ruiz et Pa- von n’existe dans les herbiers, et que c’est assez ar- bitraire- ment qu’on rapporte à une simple description les échan- tillons de notre plante récoltés par Mathews, au Pérou, et, en Bolivie, par Pent- land et par Mandon.

Notas ferons remarquer, de plus, que les plus grandes feuilles de la plante décrite par Pvuiz et Pavon ne dépassent pas 20 cen- timètres de longueur sur 6 centimètres de largeur, et que les fleurs sont d’un pourpre terne et non blanches comme dans le Nicotiana colossea.

Quoi qu’il en soit, le type et la variété dont nous venons de parler sont deux très- belles plantes dignes de figurer dans toutes les collections.

Ed. André.

2 FL Per., 2, p. 16.

3 Spreng., Anleit. zur Kentn. d. gev\, ed. 2,1817, p. 458.

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DE LA GARNITURE DES MASSIFS.

DE LA GARNITURE DES MASSIFS

Les plantes que l’on emploie pour garnir les corbeilles sont généralement élevées en pépinière, dans un endroit propice du jar- din, en plein air ou sous châssis, selon la saison et le besoin ; c’est donc assez long- temps à l’avance que l’on doit décider le nombre de garnitures que l’on veut faire dans l’année et procéder au choix des plantes que l’on emploiera pour telle ou telle saison. Dans beaucoup de jardins, on ne fait qu’une seule garniture par an, celle de l’été ; on choisit alors pour cet usage des plantes dont la floraison est aussi prolongée qu’il est possible ; mais les massifs restent néanmoins nus, ou à peu près, pendant la plus grande partie de l’année. Dans les jardins bien entretenus, on cherche au contraire à voir les massifs toujours garnis, même pendant l’hiver, car il est possible d’y placer des plantes qui, si elles ne pro- duisent pas de fleurs, possèdent au moins un feuillage persistant, plus ou moins élé- gant, et cachant toujours la nudité du sol.

On peut réunir les plantes propres à l’ornement des massifs en quatre groupes principaux, d’après l’époque à laquelle a lieu leur floraison ; il s’ensuit que l’on peut faire quatre garnitures chaque année dans le même massif. Mais, lorsqu’on désire mettre successivement à profit ces quatres groupes de plantes, on doit les cultiver en pépinière d’attente, et les mettre en place et en motte au moment elles vont commencer à fleurir.

Ces quatre saisons peuvent se répartir comme suit :

Garniture printanière, de mars à mai ;

Garniture estivale , de juin en sep- tembre ;

Garniture automnale , d’octobre à no- vembre ;

Garniture hivernale, de décembre à fé- vrier.

Toutefois, ces époques ne sont qu’ap- proximatives, car leur date et leur durée peuvent varier selon les plantes que l’on emploie, et aussi selon la région que l’on habite.

Nous allons étudier séparément chacune de ces saisons de garniture en donnant de nombreux exemples.

Garniture printanière.

Cette saison est principalement celle des

plantes bulbeuses, et parmi leur nombre, les Jacinthes , les Tulipes, les Narcisses , les Crocus , les Anémones , les Renon- cules, etc. occupent la place la plus impor- tante. Toutefois, la floraison de certaines variétés s’effectue relativement tard et parfois même vers l’époque à laquelle il conviendrait de procéder à la garniture estivale; dans ce cas, on devra, selon la nature des plantes qui doivent leur succéder, employer des variétés à floraison précoce tell es que les Narcisses faux- Narcisses, N. in- comparables, les Tulipes simples et doubles hâtives, les Jacinthes de Hollande, etc. Si leurs bulbes ne sont pas entièrement murs au moment de la plantation estivale, on devra les abandonner s’ils ne présentent pas une valeur importante, ou les relever en motte et les mettre en jauge pour qu’ils achèvent de se mûrir ; mais il serait préfé- rable, au moins pour certaines espèces, de les planter à une profondeur telle que leurs bulbes puissent rester en place pendant l’été. La plantation des bulbes se fait à l’automne, mais si à ce moment et pendant l'hiver les massifs étaient occupés par d’autres plantes, il conviendrait de les mettre en pots et d’enterrer ensuite ceux-ci en planches, afin de pouvoir procéder à la garniture du massif lorsqu’il est libre et sans fatiguer les plantes.

Un certain nombre de plantes herbacées annuelles ou vivaces sont très employées pour cet usage : ce sont les nombreuses variétés de Silene penclula : les Myosotis des Alpes bleu, blanc ou rose, grand ou nain et quelques autres espèces telles que les M. dissitiflora et M. rupicola ; les différentes Pensées. D’autres plantes moins connues sont tout aussi précieuses pour ce genre de garniture; nous citerons les Alys- sum saxatile, Aubrietia deltoidea, Arabis albida et A. alpina , Iberis affinis (annuel) et I. sempervirens (Thlaspi vivace), les variétés de Phlox vivaces et gazonnants telles que le Ph. subulata, les Giroflées jaunes simples et doubles, les Pâquerettes, les Primevères des jardins , les Semper- vivum rustiques, les Violettes odorantes, le Saxifraga Huetiana, jolie petite mi- niature à fleurettes jaunes excessivement nombreuses, excellent pour faire des bor- dures, mais qui a besoin d’être protégée pendant les grands froids ou de préférence

DE LA GARNITURE DES MASSIFS.

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hivernée sous châssis. De meme que pour certaines plantes bulbeuses, on ne peut les mettre en place à l’automne ; on devra les repiquer en pépinière et les relever en motte et avec soins pour garnir les massifs dès la fin de février.

Garniture estivale.

L’été, c’est la saison des fleurs, et le nombre des plantes propres à l’ornement des massifs et des plates-bandes est si grand qu’on n’a que l’embarras du choix. Ce choix, tout en tenant compte de ses propres goûts, devra être fait selon l’époque à laquelle on désire que les massifs soient fleuris, selon la durée qu’ils devront avoir et aussi selon le matériel-abri dont on dis- pose pour l’hivernage ou l’élevage des plantes.

Lorsqu’on désire faire une garniture devant durer jusqu’aux gelées, on choisira de préférence des plantes remontantes, c’est-à-dire à floraison perpétuelle, telles que les Agératum, les Bégonia ascottien- tis, B. fuchsioides, B. semperflorens ; les Calceolaria rugosa , les Fuchsia , les Héliotropes , les Lantana et surtout les innombrables variétés de Pélargonium zo- nale (Géranium), P. hederæfolium , les Ver- veines, etc. ; on y adjoindra avec avantage certaines plantes à feuillage vivement coloré, telles que les Coleus , les lresine ( Achg - ranthes), les Centaurea candidissima , C. depressa , le Cineraria maritima , le Perilla de Nankin , des Amarantes à feuilles rouges, le Pyrethrum Parthe- nium , etc. ; ces mélanges, composés avec goût, produisent un effet admirable. Les plantes bulbeuses ou tuberculeuses four- nissent aussi pour cet usage les Canna , dont les nouvelles variétés florifères sont tout particulièrement recommandables, les Dahlia , dont on possède aujourd’hui plu- sieurs races et d’innombrables coloris, les Monthretia crocosmiæflora et autres, les Bégonia tuberculeux hybrides simples , B. Worthiana , B. intermedia , etc.

Le nombre des plantes herbacées an- nuelles ou vivaces propres à l’ornement des corbeilles et des plates-bandes est immense, car en général presque toutes peuvent être utilisées. Mais, sans tenir compte de l’époque de floraison, de la durée, des dimensions qu’atteignent des plantes, ques- tions que l’on devra examiner attentivement en opérant un choix, nous recommanderons en passant les Adonides, Alonzoa, Balsa-

mines, Belles-de-nuit , Belles-de-jour , Campanules à grosses fleurs , C. à grandes fleurs ( Platycodon ), C. carpatica , Capu- cines naines , Célosie à panache , Chry- santhèmes à carène et C. des jardins , Clarkia , Collinsia, Coquelicots doubles , Coreopsis , Eschscholtzias, Gaillardes , Gi- roflées quarantaines , G. empereur , etc., Godétias, Immortelles annuelles (Xeran- themum) et I. à bractées ( Helichrysum ), Julienne de Mahon, Lin rouge, Lupin de Cruikshank et autres, Matricaire blanche double, Lavatère , Mimulus cui- vrés variés, Mufliers , Nigelles , Œillets de Chine, Œ. des fleuristes, Œ. de poète, Œillets d'Inde, etc. ; les Pavots annuels , tels que les P. umbrosum, P. tulipe, P. Danebrog et les autres grands Pavots doubles, les Pentstemon, les nombreuses races de Pétunia, Phlox de Drummoncl, Pied cl’alouette annuels et vivaces, Reines- Marguerites, Réséda , Rose d'Inde, Sca- bieuses, Thlaspi varié, Valériane des jardins, Verveines , Zinnia, etc.

Quelques-unes de ces plantes peuvent être semées en place, mais, en général, le semis se fait en pépinière, de février en mars et parfois même dès la fin de l’été précédent ; on repique les plants en pleine terre et sous châssis ou en pots, et on ne les met en place que dans la deuxième quinzaine de mai.

Garniture automnale.

Le nombre des plantes fleurissant à cette saison, malgré les brouillards et l’abaisse- ment de la température, est fort restreint; les Chrysanthèmes sont même les plus im- portants pour cet usage, mais le nombre des variétés est si grand et leurs coloris si variés que l’on peut les employer en grande quantité sans crainte qu’ils deviennent mo- notones.

Les Aster, quoique nombreux et tardifs, ne dépassent guère la fin d’octobre; il conviendrait donc de les placer dans les massifs dans le courant de septembre. Plu- sieurs plantes bulbeuses telles que les Col- chicum, le Merendera Bulbocodium, le Sternbergia lutea, YAmaryllis Bella- donna, etc., sont aussi dans ce cas.

Nous citerons encore, comme pouvant rendre des services pour cet usage, les Ané- mones du Japon, A. Honorine Jobert et elegans rosea, Giroflée jaune brune hâ- tive,Helenium autumnale, Helianthus læ- tiflorus et H. orgyalis, Gaillarde vivace,

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papayer umbrosum flore pleno.

Phygelius capensis, Senecio pulcher, Ca- ry opteris Mastacanthus, etc. Toutefois, on doit, à cette saison, compter avec le temps ; s’il est clément, il laissera les fleurs s’épa- nouir jusqu’au milieu de novembre, mais la première gelée un peu forte achèvera, parfois trop tôt, cette floraison tardive.

Garniture hivernale.

Lorsque les gelées ont détruit les der- nières fleurs d’automne, on peut, néan- moins, remplacer ces plantes par d’autres plus résistantes, et éviter de laisser la terre nue pendant tout l’hiver ; leur nombre n’est pas grand, et encore doit- on faire appel aux arbustes toujours verts et aux petits Conifères. Mais, parmi les plantes herbacées, Y Helleborus niger et ses nom- breuses variétés sont précieux pour cet usage, moins, cependant, que les Choux

frisés d’ ornement , dont les feuilles, plus ou moins fortement frisées et de coloris variés, font beaucoup d’effet tout en résistant bien aux gelées ; on peut même employer ces feuilles pour garnir les plats, ce qui n’est pas à dédaigner en cette saison. Le Nar- dosmia fragrans est une des rares plantes herbacées épanouissant ses fleurs suaves au milieu de l’hiver, ce qui lui a valu le nom d’Héliotrope d’hiver. Au nombre des ar- bustes convenables pour orner les massifs pendant l’hiver, nous recommanderons sur- tout le Laurier-Tin ( Viburnum Tinus), les Thuya occidentalis globosa (Thuya boule), certains Juniperus , les Retinospora, Cha- mæcyparis, etc. Ces plantes doivent être tenues en pots en vue de cet usage; pen- dant l’été, on les place dans un endroit convenable on enterre leurs pots à quelques centimètres au-dessous du niveau du sol. S. Mottet.

PAPAYER UMBROSUM FLORE PLENO

L’année dernière, dans une excursion faite au mois de mai à travers les campagnes de l’Attique, nous remarquions un très-beau Coquelicot à fleurs largement maculées de noir à la base des pétales. Il avait un ton général plus foncé que notre Coquelicot des blés et constituait une plante ornemen- tale au premier chef.

Cette forme re- marquable est intro- duite dans les cul- tures, et MM. Vil- morin -A n d ri eu x et Cie l’ont répandue sous le nom de Pa- paver umbrosum (fig. 2), Hort.

Nous ne pouvons mieux faire que d’en emprunter la des- cription à l’article de notre collaborateur M. Mottet, qui a déjà parlé de cette plante dans la Revue 1 :

D’une racine un peu charnue, formant sou- che, partent un grand nombre de tiges dres- sées, raides, très-ramifiées, qui constituent une forte touffe. Plante annuelle, relativement

1 JRevue horticole , 1891, p. 431.

naine, extrêmement floribonde. Tiges ramifiées, portant des poils distants, laineux, courbés. Feuilles dissequées-pinnées, sessijes, à seg- ments étalés, fourchus, très- régulièrement dentés, terminés par un mucron sétacé. Pé- doncules floraux dressés, raides, longs d’envi- ron 15 centimètres, portant quelques petits poils courts, laineux. Boutons ovoïdes, ob- tus, courtement velus. Fleurs solitaires au sommet d’un pédon- cule nu, d’un rouge foncé, écarlate, à pé- tales inégaux, nom- breux, les intérieurs beaucoup plus étroite- ment divisés, portant toutes vers la base une macule d’un vert noir luisant foncé, va- riant, pour les dimen- sions et la forme, avec celles des pétales, par conséquent très-ré- duites et presque lar- gement linéaires dans les petits pétales cen- traux, mais toujours isolées de l’onglet. Étamines courtes, nombreu- ses, gris cendré foncé, à filets très-courts, à an- thères d’un gris brun. Fleurit de juin à la fin de l’année, si l’on a soin de couper les fleurs passées, afin de ne pas les laisser grainer.

La variété à fleurs doubles, qui a été

Revue Horticole

Codait , del.

Pa pa ver uni bras u ni Jlore pleno.

ChrvTMÜk GSevereyns. Bruxelles.

SERRES FLEURIES.

obtenue à Verrières, et qui a été décrite dans le même article, est une nouveauté de marque, sur laquelle nous nous propo- sons d’attirer de nouveau l’attention de nos lecteurs. C’est qu’en effet il y a un intérêt d’actualité à faire connaître tout de suite une plante nouvelle lorsqu’elle se produit. Plus tard, lorsqu’elle a fait ses preuves, on peut la reprendre, la faire peindre et lui attribuer définitivement sa place dans les cultures.

C’est ce qui arrive aujourd’hui pour le Papciver umbrosum flore pleno.

Cette variété se fait remarquer par la transformation des étamines en pétales, ce qui donne aux fleurs une semi-du plicature très-élégante, plus même que si elle était à fleurs très-pleines, comme certains Coque- licots anciens. On trouve jusqu’à 20 ou

SERRES

Le mois de novembre et le commence- ment de décembre de cette année ont été particulièrement mauvais pour les fleurs ; le manque de soleil et l’humidité constante ont amené un surcroît de tra- vail et d’attention pour les serres fleuries.

Pendant ces longues semaines privées de soleil, nous avons dû, pour que les fleurs ne moisissent pas, donner de l’air presque jour et nuit, ne laisser que le moins d’hu- inidité possible aux plantes et tenir les tuyaux suffisamment chauds pour que la température se maintienne à son état nor- mal, c’est-à-dire de 10 à 12 degrés pour la nuit et de 12 à 15 pendant la journée. De cette façon nos fleurs se sont conservées belles en dépit du mauvais temps, et au 15 décembre, rien ne saurait peindre la fraîcheur et l’éclat de tous ces coloris mé- langés ensemble, depuis le rouge vif des Salvia , le blanc pur des Primevères de Chine et toutes les teintes intermédiaires des Cyclamens, des Bouvardias, des Chry- santhèmes, des Pélargoniums zonales, des Ruellia macrantha , des Œillets, des Pri- mula obconica , des Agathea cælestis, des Coronilles jaunes, des Cinéraires bleues et variées, des Bégonia carminata , lucida et castaneæfolia alba, des Agératum Perle blanche, etc., etc.

J’ajoute que, tous les samedis, les plantes sont nettoyées et replacées ; celles qui sont défleuries ou qui ne sont plus assez fraîches sont enlevées pour faire place à de nou- velles.

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25 de ces organes pétaloïdes transformés? que les quatre pétales extérieurs entourent comme une conque élégante, à tons écla- tants.

La culture de notre plante ne diffère pas de celle du type : semis à l’automne, en pé- pinière d’attente ou directement sur place, pour obtenir une belle floraison printanière, ou bien semis en place pour la floraison de l’été.

Le Papaver umbrosum flore pleno, qui se reproduit assez fidèlement de graines, peut laisser un certain nombre de semis retournant au type, qui ne le cède guère en beauté à la variété double, dont les fleurs sont seulement moins durables.

On trouve ces graines chez MM. Vilmo- rin-Andrieux et Cie, 4, quai de la Mégis- serie, à Paris. Éd. André.

Je viens de citer la floraison du Ruellia macrantha; je veux dire quelques mots à son sujet. Cette plante a été décrite et figurée dans la Revue horticole l, et je la considère comme la plus marquante et la meilleure parmi celles que je réserve pour la culture hivernale ; ses belles fleurs tubuleuses, rose carmin vif, longues de 10 centimètres et larges de 7, ne manquent jamais de pro- voquer l’admiration de tous ceux qui les voient.

Cette charmante Acanthacée est origi- naire des parties ombragées des forêts tro- picales du Brésil, et quoique n’étant pas nouvelle, elle est assez peu connue et sur- tout beaucoup moins cultivée qu’elle ne mérite de l’être ; il en est ainsi de beaucoup de belles plantes qui sont souvent délaissées pour faire place à d’autres qui ne les valent pas. Sa floraison commence avec les pre- miers jours de décembre et se prolonge pendant tout l’hiver jusqu’aux mois de mars et d’avril. Sa culture est assez simple, et je vais expliquer de quelle façon je la pra- tique 5.

Lorsqu’on ne possède qu’une petite quan- tité de plantes et que l’on veut obtenir beaucoup de boutures, il est préférable de sacrifier la floraison de quelques-unes en les rabattant d’une dizaine de centimètres,

1 1881, p. 410.

2 Nous obtenons chaque année des R. macrantha

qui fleurissent depuis la fin de l’été jusqu'au prin- temps, en bouturant sur les plantes les plus flori- fères. E.-A.

U

SERRES FLEURIES.

et de les porter, vers le milieu de février, dans la serre à multiplication ; là, elles dé- bouchent rapidement de jeunes pousses qui sopt très-propices pour faire des boutures, et que l’on doit séparer aussitôt qu’elles ont quelques centimètres de long. Lorsqu’on possède une certaine quantité de plantes, l’on trouve toujours, parmi elles, des bou- tures en nombre suffisant pour renouveler le stock dont on a besoin. J’ajoute que ce stock se compose d’une moitié de plantes de l’année précédente, et de l’autre moitié de boutures faites au printemps.

Il est inutile de garder les plantes plus longtemps, car à la troisième année on n’obtiendrait plus d’aussi bons résultats. Les boutures, étant détachées, sont insérées chacune dans un très-petit godet rempli de terre de bruyère sableuse et placées sous cloche dans la serre à multiplication. La reprise se fait assez vite ; aussitôt reprises, les boutures sont rempotées séparément en godets de 8 centimètres et placées sur couche chaude. La terre employée pour le rempotage devra se composer d’une moitié de terreau provenant de vieilles couches et bien consommé, et d’une autre moitié de terre de bruyère sableuse. Les plantes sous châssis et sur couche devront être garan- ties des rayons du soleil, mais seulement pour les empêcher de brûler, ce qui n’em- pêchera pas de les habituer progressivement au grand air. Quand les plantes ont atteint une dizaine de centimètres de hauteur, je pratique un premier pincement que je renouvelle à deux feuilles plus haut, et même davantage si les plantes venaient à pousser trop vite ; mais, en général, ces deux pincements suffisent amplement et, par la suite, les plantes se ramifient d’elles- mêmes et forment des petits arbrisseaux bien garnis de feuilles depuis la base et ne s’élevant pas à plus de 40 centimètres au- dessus du pot.

Cette plante a une tendance à pousser du pied des rejets qui se ramifient assez diffici- lement, et qu’il est préférable de supprimer à leur naissance.

Vers le milieu d’avril ou le commence- ment de mai, je donne un second rempotage en godets de 10 centimètres, et je replace les plantes sur vieilles couches, en donnant le plus d’air possible.

Au mélange de terre recommandé pré- cédemment on peut ajouter un quart environ de bonne terre franche, reposée depuis longtemps et ayant reçu des en- grais.

Au commencement de juin on enlève totalement les châssis’;